dimanche 2 juin 2013

La Loose du mois

Enfin, les voilà! Je vous les avais promises ces Loose du mois, elles arrivent en fanfare! Je pensais en faire un post hebdomadaire, mais le temps filant à la vitesse éclair en a décidé autrement. Plus d'un mois après avoir posé le pied au pays où rien n'est impossible, quelques petites galères me sont arrivées occasionnellement, dont une quasi-continuellement. La Loose du mois aura donc une allure de condensé de plusieurs Loose de la semaine, pour votre plus grand régal. 

La Loose de la première quinzaine: acheter des draps
Eh oui, on n'y pense pas mais je n'allais pas ramener mes draps depuis la France étant donné les tout petits 23 kilos que j'avais le droit de ramener dans l'avion, et étant donné mon gel pour les pieds que j'avais déjà dû laisser avec déchirement à l'aéroport... (ndlr: rassurez-vous, ma gentille mamounette me l'a envoyé par la Poste, tout va mieux - merci Môman!) (ndlr2 : rassurez-vous, je ne suis pas aussi fétichiste des pieds que j'en ai l'air, tout ça n'est qu'une vaste boutade d'autodérision) Et puis vu l'état de propreté dans lequel j'ai récupéré la chambre dans laquelle je vis, je vous ai épargné l'état des draps mais il était globalement hors de question que je les réutilise, même en les lavant. Psychologique quand tu nous tiens... Il a donc fallu en acheter en arrivant! Hop, direction Kmart, un immense centre commercial, sorte de condensé de Ikea-Kiabi-Carrefour. Tu peux globalement tout acheter dans ce magasin, du canapé au produit à récurer les toilettes, de ton petit-déjeuner à ton maillot de bain en passant par la tringle à rideaux.  ET des draps. Mais comme les américains ne font jamais rien comme tout le monde n'ont pas les mêmes tailles de lit qu'en Europe, c'est d'une galère sans nom très compliqué de trouver la bonne taille. Il y a les Twin bed, les Queen bed, les Full-size bed, les King-bed, les California-king... je suis arrivée dans le rayon et suis restée coite pendant approximativement trente minutes, complètement désemparée par le choix qui s'offrait à moi. J'ai fini par comprendre quelle était grossièrement la taille de mon lit et à quoi correspondait chaque taille de drap. Et pour couronner le tout, les tailles sont en inch, il n'y a pas de centimètres ici. Tout pour me faciliter la tâche en définitive. 

"En plus ce blog est instructif! Nan vraiment, c'est super"

Petite anecdote rigolote d'ailleurs: je cherchais une housse de couette, mais n'avait aucune idée de la traduction en anglais de cette expression. Je tombe sur un drap où il est indiqué "Bed Skirt". Bed skirt, jupe de lit littéralement, ça peut vouloir dire housse de couette! Voulant faire ma totale-american-girl-so-bilingual, je n'ai pas pris la peine de vérifier s'il s'agissait bien d'une housse de couette. Bien mal m'en a pris, et je pense qu'une photo de ma tête en décomposition aurait valu son pesant de cacahuètes lorsque j'ai ouvert la fameuse Bed Skirt : il s'agit en fait... d'un dessus de sommier! Le terme jupe de lit prend maintenant maintenant tout son sens. Bref, une jolie galère qui m'a donné du fil à retordre mais m'a tout de même fait sourire : jamais je n'aurai pensé avoir à faire à ce genre de problème en arrivant ici. Je suis sûre que toute personne qui est partie un temps à l'étranger pour un stage, travail ou échange universitaire se reconnaîtra un petit peu dans cette anecdote. Du moins laissez-moi l'espérer. 


La Loose de la deuxième quinzaine: Chronopost
Tout le monde connaît Chronopost, numéro 1 de la livraison express... ben voyons. Pour la faire courte, j'avais perdu mon portefeuille dans le TGV une semaine avant de partir à New York (tiens, ça aurait pu être une bonne loose de la semaine ça aussi), et il a fallu que l'on m'envoie en urgence une nouvelle carte bleue. Ma mère ayant gentiment rajouté dans le colis Chronopost mon fameux gel pour pieds, ma carte d'identité (car on a fini par retrouver mon portefeuille) et un pull que j'avais dû renoncer à prendre avec moi, le paquet a été retenu à la douane pendant un temps infini sans que nous puissions rien faire. Il devait mettre 48 heures à arriver, cela a mis... trois semaines. Normal pour une livraison express! Un beau jour, j'ai reçu une lettre de la douane me demandant de payer 96$ pour récupérer mon paquet. Messieurs les américains de la douane, je sais bien que tout se paye dans votre pays, mais les frais de douane coûtent plus chers que six fois la valeur du colis entier, donc vous serez gentils de renvoyer ce paquet à l'expéditeur qui me l'enverra par voie normale, peut-être que cela mettra moins de temps. Bon en vrai j'ai juste dit à la dame par téléphone que je ne payerai pas la facture et que du coup le colis sera renvoyé en France. Le même jour, v'là-t'y pas que mon colis arrive à mon bureau! Note à moi-même: la prochaine fois que je reçois une facture, j'appellerai pour dire que je ne compte pas la payer, peut-être que je recevrai une voiture en retour; sur un malentendu, cela peut marcher. 


La Loose du mois (la vraie, le "fil rouge"): les bedbugs
Le fléau nord-américain, comme ils disent. Comment dire... les bedbugs, ce sont des sortes de punaises de lit qui se nichent dans les matelas, et se nourrissent exclusivement du sang humain. Le résultat donne des piqûres en forme de volcan sur le corps et qui démangent à se taper la tête contre un mur, pas très agréable. Il y en a régulièrement partout aux Etats-Unis et au Canada, et cela revient souvent avec les changements de température. Je vous laisse le soin de regarder sur Google à quoi cela ressemble si ça vous chante, moi je passe mon tour là-dessus et je vous épargne la petite image de la bête en question, cela me suffit amplement de savoir qu'il y en a quelque part dans ou sous ou sur mon lit. Le seul moyen de les éradiquer, c'est soit de faire intervenir quelqu'un pour désinfecter l'appartement, soit de se débarrasser du matelas. C'est une obligation légale du propriétaire de l'appartement de s'occuper de l'intervention qui est à sa charge. Ma proprio a donc fait intervenir un "exterminator" - ça sonne très super-héros - deux jours après l'avoir prévenue, et il y a toute une procédure à respecter: les affaires qui ont été en dehors du placard (vêtements, draps, serviettes etc) doivent aller 30 minutes au sèche-linge, et il faut asperger toutes les affaires de spray désinfectant et les mettre dans des sacs poubelles fermés, chaussures comprises. Et comme tout l'appartement doit être désinfecté, tout le monde doit respecter la procédure. Moi, j'ai fait plus simple, j'ai littéralement TOUT mis à laver, au moins pas de problème de conscience. Super-Exterminator est intervenu pour exterminer, et je pensais m'être débarrassée de ce problème d'une inconvénience certaine. Sauf que les bedbugs sont plus résistant que ce que l'on croit... Bedbug : 1 - Super-Exterminator : 0. Résultat, rebelote la semaine prochaine avec la désinfection de l'appartement. Je persiste à penser qu'il suffirait de changer de matelas, mais mon proprio ne semble pas vouloir en arriver à cette solution. A voir si cette fois-ci sera la bonne...

Super-Exterminator (dans ma tête)





samedi 1 juin 2013

Le mini-minimum

Il est des jours où une fois allongé le soir, on regarde derrière soi pour se remémorer la journée que l'on vient de passer, en souriant un poil bêtement en poussant un soupir de relaxation. Il est parfois des moments où l'on sait exactement pourquoi on est là ou l'on est, pourquoi on fait tel ou tel métier, telle ou telle démarche, expérience, périple. Ce sentiment de bien-être qui nous prend et nous surprend à penser "là-maintenant-tout-de-suite, à cet instant précis j'aime bien ma vie".  Hier était un de ces jours.


Et pourtant, rien de particulièrement spécial. A croire que le bonheur réside parfois dans les petites choses simples du quotidien. Une bonne journée de travail bien remplie où j'ai à peine vu le temps passer: coup de téléphone, mail, coup de téléphone, mail. J'ai notamment travaillé sur un groupe de country qui sera en concert à SubCulture (la salle de concert dont je vous ai parlé ici) dans dix jours, donc passé une bonne partie de ma journée à contacter des blogs et autres relatifs au genre musical. Demandez-moi n'importe quoi sur les festivals de Country aux alentours de New York, je connais tout par cœur! Ceci fera d'ailleurs l'objet d'un autre post sur ce blog.
Donc je disais, bonne journée de travail, bonne playlist qui donne la patate qui a tourné en fond sonore (parce que oui, l'avantage d'une boîte qui travaille dans la musique c'est qu'on en écoute toute la journée!), puis on est parties avec ma manager au concert du soir à SubCulture. Sur le chemin, elle me raconte une anecdote marrante : lorsqu'elle a dû remplir des papiers pour mon Visa, il y avait notamment une question qui demandait ce que l'entreprise allait m'apporter en dehors du travail quotidien; elle avait à l'époque répondu qu'occasionnellement les artistes font des concerts auxquels nous sommes conviés. C'était sans parler de SubCulture! Il est vrai que je pouvais difficilement mieux tomber en terme de timing, puisque la salle a ouvert début mai, pile au moment où je suis arrivée. Très contente pour moi, elle m'explique qu'en effet, l'entreprise va pouvoir m'apporter bien plus que ce qu'elle pensait, et de mon côté bien plus que ce que à quoi je m'attendais. Du gagnant-gagnant!

Le concert du soir était Laila Biali. Lecteur, si tu aimes le jazz et ses voix suaves et puissantes à la fois, cours écouter sa musique! C'est une chanteuse d'origine canadienne - assez connue dans son pays natal - qui s'est installée à New York il y a quelques années. Elle écrit ses propres compositions, mais chante aussi des reprises de titres connus du répertoire jazz traditionnel. Sa voix et sa musique voyagent quelque part entre Norah Jones et Sarah Bareilles. Elle a notamment fait trois concerts durant le mois de mai à SubCulture, ce qu'on appelle des "residency shows": il n'y a pas vraiment de traduction littérale en français, mais on pourrait traduire cela par "les habitués" de la salle de concert. Pour chaque concert, Laila a joué avec différents musiciens et différents instruments, invitant à chaque fois un soliste spécial (saxophoniste, chanteuse, violoniste). Le résultat donne trois concerts différents, trois ambiances différentes, trois "sets" de musique différents qui régalent les yeux et les oreilles du public. J'étais venue pour le premier residency, et celui d'hier était son dernier pour le mois de mai. On me dit dans l'oreillette qu'elle reviendra certainement en juillet pour plusieurs concerts...

Laila Biali - Linda Oh (contrebasse) - John Ellis ( saxophone) - Jordan Perlson (batterie)

Au fil de ses concerts, Laila Biali a commencé un jeu très amusant et terriblement culotté qu'elle a appelé le "Requestomatic": pour chaque concert, n'importe qui peut lui soumettre une chanson de n'importe quel genre (mais vraiment n'importe lequel) pour laquelle elle travaillera les arrangements de manière à l'amener dans son univers plus jazz. Pour vous donner un exemple, elle a déjà joué Seasons Of Love (extrait de la comédie musicale Rent), Love On Top de Beyoncé (version Bossa Nova), et Let's Dance de David Bowie, performance absolument extraordinaire qu'elle devrait enregistrer! J'essayerai de vous dégoter les vidéos de ces chansons, en attendant vous pouvez regarder sa reprise de Il en faut peu pour être heureux, ou The Bare Necessities chez nos amis les américains, extrait du Livre de La Jungle pour les plus incultes.


"Il en faut peuuuuuuu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux"

Petit devoir si ça vous dit: réfléchissez à la chanson la plus dingue qu'il serait possible de reprendre en version jazz (chanson anglaise bien sûr), et soumettez-la moi en commentant ce post. On verra ensuite ce que donnera la reprise!

Je commence à réaliser que dans la musique, ce qui me touche véritablement au-delà de la musique en elle-même, c'et la voix. Du moins celle de Laila Biali me procure une émotion difficilement descriptible à chaque fois que je l'entends : la chair de poule, les larmes qui montent aux yeux, l'envie de fermer les yeux et de me laisser emporter dans son univers. Et surtout, le même sentiment de "feeling good" que celui dont je vous parlais: je suis à New York, en train d'écouter un concert de jazz, avec à ma droite ma manager et à ma gauche mon coloc américain, puis je vais rejoindre mon autre coloc pour boire un verre avant de retrouver d'autres amis, bref, là-maintenant-tout-de-suite, je me sens bien.

Je souhaite à tout le monde de ressentir l'impression que j'ai eue hier en me couchant.