samedi 1 juin 2013

Le mini-minimum

Il est des jours où une fois allongé le soir, on regarde derrière soi pour se remémorer la journée que l'on vient de passer, en souriant un poil bêtement en poussant un soupir de relaxation. Il est parfois des moments où l'on sait exactement pourquoi on est là ou l'on est, pourquoi on fait tel ou tel métier, telle ou telle démarche, expérience, périple. Ce sentiment de bien-être qui nous prend et nous surprend à penser "là-maintenant-tout-de-suite, à cet instant précis j'aime bien ma vie".  Hier était un de ces jours.


Et pourtant, rien de particulièrement spécial. A croire que le bonheur réside parfois dans les petites choses simples du quotidien. Une bonne journée de travail bien remplie où j'ai à peine vu le temps passer: coup de téléphone, mail, coup de téléphone, mail. J'ai notamment travaillé sur un groupe de country qui sera en concert à SubCulture (la salle de concert dont je vous ai parlé ici) dans dix jours, donc passé une bonne partie de ma journée à contacter des blogs et autres relatifs au genre musical. Demandez-moi n'importe quoi sur les festivals de Country aux alentours de New York, je connais tout par cœur! Ceci fera d'ailleurs l'objet d'un autre post sur ce blog.
Donc je disais, bonne journée de travail, bonne playlist qui donne la patate qui a tourné en fond sonore (parce que oui, l'avantage d'une boîte qui travaille dans la musique c'est qu'on en écoute toute la journée!), puis on est parties avec ma manager au concert du soir à SubCulture. Sur le chemin, elle me raconte une anecdote marrante : lorsqu'elle a dû remplir des papiers pour mon Visa, il y avait notamment une question qui demandait ce que l'entreprise allait m'apporter en dehors du travail quotidien; elle avait à l'époque répondu qu'occasionnellement les artistes font des concerts auxquels nous sommes conviés. C'était sans parler de SubCulture! Il est vrai que je pouvais difficilement mieux tomber en terme de timing, puisque la salle a ouvert début mai, pile au moment où je suis arrivée. Très contente pour moi, elle m'explique qu'en effet, l'entreprise va pouvoir m'apporter bien plus que ce qu'elle pensait, et de mon côté bien plus que ce que à quoi je m'attendais. Du gagnant-gagnant!

Le concert du soir était Laila Biali. Lecteur, si tu aimes le jazz et ses voix suaves et puissantes à la fois, cours écouter sa musique! C'est une chanteuse d'origine canadienne - assez connue dans son pays natal - qui s'est installée à New York il y a quelques années. Elle écrit ses propres compositions, mais chante aussi des reprises de titres connus du répertoire jazz traditionnel. Sa voix et sa musique voyagent quelque part entre Norah Jones et Sarah Bareilles. Elle a notamment fait trois concerts durant le mois de mai à SubCulture, ce qu'on appelle des "residency shows": il n'y a pas vraiment de traduction littérale en français, mais on pourrait traduire cela par "les habitués" de la salle de concert. Pour chaque concert, Laila a joué avec différents musiciens et différents instruments, invitant à chaque fois un soliste spécial (saxophoniste, chanteuse, violoniste). Le résultat donne trois concerts différents, trois ambiances différentes, trois "sets" de musique différents qui régalent les yeux et les oreilles du public. J'étais venue pour le premier residency, et celui d'hier était son dernier pour le mois de mai. On me dit dans l'oreillette qu'elle reviendra certainement en juillet pour plusieurs concerts...

Laila Biali - Linda Oh (contrebasse) - John Ellis ( saxophone) - Jordan Perlson (batterie)

Au fil de ses concerts, Laila Biali a commencé un jeu très amusant et terriblement culotté qu'elle a appelé le "Requestomatic": pour chaque concert, n'importe qui peut lui soumettre une chanson de n'importe quel genre (mais vraiment n'importe lequel) pour laquelle elle travaillera les arrangements de manière à l'amener dans son univers plus jazz. Pour vous donner un exemple, elle a déjà joué Seasons Of Love (extrait de la comédie musicale Rent), Love On Top de Beyoncé (version Bossa Nova), et Let's Dance de David Bowie, performance absolument extraordinaire qu'elle devrait enregistrer! J'essayerai de vous dégoter les vidéos de ces chansons, en attendant vous pouvez regarder sa reprise de Il en faut peu pour être heureux, ou The Bare Necessities chez nos amis les américains, extrait du Livre de La Jungle pour les plus incultes.


"Il en faut peuuuuuuu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux"

Petit devoir si ça vous dit: réfléchissez à la chanson la plus dingue qu'il serait possible de reprendre en version jazz (chanson anglaise bien sûr), et soumettez-la moi en commentant ce post. On verra ensuite ce que donnera la reprise!

Je commence à réaliser que dans la musique, ce qui me touche véritablement au-delà de la musique en elle-même, c'et la voix. Du moins celle de Laila Biali me procure une émotion difficilement descriptible à chaque fois que je l'entends : la chair de poule, les larmes qui montent aux yeux, l'envie de fermer les yeux et de me laisser emporter dans son univers. Et surtout, le même sentiment de "feeling good" que celui dont je vous parlais: je suis à New York, en train d'écouter un concert de jazz, avec à ma droite ma manager et à ma gauche mon coloc américain, puis je vais rejoindre mon autre coloc pour boire un verre avant de retrouver d'autres amis, bref, là-maintenant-tout-de-suite, je me sens bien.

Je souhaite à tout le monde de ressentir l'impression que j'ai eue hier en me couchant.


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